Entre Cognac et Armagnac, y’a-t-il une réelle différence ?

Ces deux eaux de vie sont parmi, voire les plus célèbres du monde. Elles sont toutes deux à base de raisin et les gens arrivent difficilement à les différencier. Pourtant, leurs histoires, terroirs, cépages et processus de fabrication sont tout à fait différents.

Le terroir

Près de 300 kilomètres sépare le terroir de l’Armagnac de celui du Cognac. Cela permet déjà de déduire que les sols sur lesquels poussent les vignes ne sont pas les mêmes. L’Armagnac est né sur une région compris entre trois départements, à savoir le Gers qui en constitue une grande partie, le Lot et Garonne et les Landes. Si le Cognac compte 6 crus, l’Armagnac pour sa part n’existe qu’en 3 crus qui sont connus autant des Français que des étrangers :

  • Le Bas-Armagnac, aussi appelé Armagnac noir qui est un sol argileux, riche en silice, mais pauvre en calcaire avec parfois une acidité ressentit dans les raisins.
  • Le Haut-Armagnac, connu sous le nom d’Armagnac blanc, avec un terrain riche en calcaire excepté vers le sud où le sol est argilo-siliceux.
  • La Ténarèze qui se trouve entre le Bas-Armagnac et le Haut-Armagnac avec un sol riche en argile et en calcaire.

Le cépage

97% du cépage du Cognac est de l’Ugni-Blanc qui est aussi utilisé à hauteur de 55% dans l’Armagnac. L’Ugni-Blanc a commencé à être surreprésenté lorsque, en 1873, il y eut une crise du phylloxéra. 2% de Folle Blanche et 35% de Colombard et de Baco sont aussi présents dans l’Armagnac. Le reste des cépages à sa base ne sont que des vestiges des cépages d’antan du sud-ouest. Le croisement de la Folle Blanche et du Noah, à savoir le Baco Blanc, est également représenté dans l’Armagnac, mais ne l’est pas dans le Cognac.

La variation des teneurs en cépages dans l’armagnac et le cognac est le résultat de l’usage même de l’Armagnac en tant que vin non distillé destiné à la consommation, contrairement au Cognac qui a parfaitement subi une distillation. C’est la raison pour laquelle le Cognac blanc au goût très acidulé est presque désagréable tandis que les vins d’Armagnac sont exquis.

La distillation

Les vins d’Armagnac sont généralement fabriqués dans l’alambic typique de la région : l’alambic armagnacais. Cette invention locale a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1818. Depuis, cet appareil a connu quelques améliorations grâce à l’inventivité de distillateurs armagnacais.

L’eau de vie de la distillation comprend un degré alcoolique entre 52 et 72%. Celle par la distillation avec l’alambic charentais (Cognac) passe par deux phases qui permettent d’obtenir différents niveaux d’alcool. Lors de la première chauffe, le taux d’alcool monte légèrement à 20 ou 30%. Une deuxième distillation est faite pour réaliser ce que l’on appelle la « bonne chauffe », un procédé rehaussant le degré alcoolique à 70%. C’est de cette redistillation que découle le Cognac.

Par ailleurs, il est tout à fait inconcevable d’être pour la distillation avec l’alambic armagnacais et non pour celle avec l’alambic charentais. Il faut en effet savoir que l’Armagnac offre un goût atypique d’une grande finesse grâce à un mélange de différentes eaux de vie résultant de deux modes de distillation. En outre, ces deux vins spiritueux dont les notoriétés sont indétrônables incarnent le savoir-faire des terroirs français en matière d’eau de vie.